Ces derniers jours, un sujet est sur (quasi) toutes les lèvres et dans tous les médias belges : l'hiver 2014-2015 risque d'être celui d'un black-out. La cause ? Deux réacteurs nucléaires (de +/- 1.000 MW chacun) à l'arrêt depuis plusieurs mois et pour encore plusieurs mois (voire définitivement) suite à la détection, au cours, d'une inspection de routine, de défauts dans l'acier des cuves du réacteur ; et, ces derniers jours est venu s'ajouter l'arrêt d'un 3ème réacteur de puissance équivalente suite à un sabotage dans la partie non-nucléaire qui a entraîné des dégâts conséquents à la turbine (durée des réparations estimée de +/- 4-5 mois). Résultat, 3.000 MW de moins dans le parc de production électrique belge, ce qui représente +/- 25 % de la consommation de pointe en hiver …
Mais ce n'est pas tout : l'absence totale de politique énergétique fédérale depuis plus de 10 ans (on a même eu, tenez-vous bien, un ministre de l'Energie et du Climat qui, en Commission de l'Economie de la Chambre des représentants, a, en 2008, refusé , oui, refusé, de discuter avec les parlementaires de l'avenir énergétique du pays, alors que c'était le seul point à l'ordre du jour de la dite Commission … cela donne une idée de l'importance que certains (ir)responsables politiques accordent à la politique énergétique de la Belgique) et l'amateurisme poussé à son extrême dans les Régions (avec un effet désastreux sur la facture des ménages et des entreprises) font que rien n'est prévu pour compenser ce manque de capacité de production. Rien ? Si, la coupure temporaire (par tranches de 4 heures) zone par zone … Alors même que l'on sait que les interconnexions avec les voisins sont à saturation, qu'on a déjà frôlé le black-out, … rien n'y fait, nos 'zélites' politiques ne font rien d'autre que prendre des mesures coûteuses (telles la spoliation des bénéfices électronucléaires, l'hyper subsidiation du photovoltaïque, …), de beaux discours creux, … mais AUCUNE mesure concrète, AUCUN véritable plan énergétique global … Et ce depuis plus de 10 ans 🙁
Et, à côté de cela on a des voisins comme l'Allemagne qui, pour des raisons populistes, ont décidé d'abandonner le nucléaire mais qui pour le remplacer ont opté pour le très coûteux éolien (il ne faut pas oublier qu'en parallèle des moulins à vent, des centrales à gaz doivent tourner en permanence pour pouvoir reprendre la production dès la 'chute' (d'une partie) de l'éolien) et les centrales à charbon/lignite très polluantes (poussières fines) et émettant de grandes quantités de CO2 qu'ailleurs les Verts combattent (mais quand ce sont eux qui ont fait le choix de sortie nucléaire, tout d'un coup, LEUR CO2 n'est plus important … écologisme à géométrie variable, écologisme opportuniste).
Aujourd'hui, quand une zone européenne produit trop d'énergie (éolienne ou photovoltaïque), plutôt que d'en faire profiter les Etats-membres qui sont en déficit de production (en équilibrant au mieux l'offre et la demande), soit on découple les sources excédentaires soit on arrête des centrales à gaz ou autres …
Et, finalement, la crise ukrainienne a, une fois de plus révélé combien l'UE peut être dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en gaz qui peuvent, du jour au lendemain, être interrompus ; le gaz russe ne représente pas moins d'une vingtaine de % du gaz consommé dans l'UE et la grande majorité, pour ne pas dire la totalité pour certains Etats-membres situés dans la partie Est de l'UE …
Il est donc de plus en plus évident, et surtout urgent, que l'UE a besoin d'une coordination, de plans, de politiques au niveau de l'UE dans son ensemble ! Il faut développer rapidement les réseaux de transport, les interconnexions en matière d'électricité et de gaz, il faut créer des 'autoroutes énergétiques' pan-européennes de manière à pouvoir suppléer, à partir de n'importe quel Etat-membre, un manque dans n'importe quel autre. Il faut, d'une certaine manière 'mutualiser' les capacités de production énergétique. Sans oublier le développement de stocks stratégiques bien répartis sur l'ensemble du territoire de l'UE ; l'UE devrait pouvoir faire face à une rupture d'approvisionnement en gaz et/ou produits pétroliers pendant au moins 3 mois de pic de consommation, cela permettrait, d'une part, de ne pas/plus être soumis au chantage des pays fournisseurs et d'autre part, de permettre de lisser les dépenses en cas de hausse brutale des cours internationaux.
Pour y parvenir, il faut créer une VRAIE 'Agence Eeuropéenne de l'Energie' avec de vrais pouvoirs de décision (pas juste un organe de réflexion, de conseil) qui pourra définir une vraie politique énergétique européenne allant bien plus loin que l'inefficace et très coûteux plan 20/20/20 qu'il faut abandonner immédiatement.
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