Nouveau gouvernement fédéral belge : les francophones ‘dupés’ pour une question d’égo ?

On a, depuis quelques jours, un gouvernement fédéral assez original : ils est constitué de 3 partis issus de la partie néerlandophone du pays et un seul du côté francophone… Plus que probablement une première dans l'histoire de notre pays.Cela dit, si cette composition est 'originale', elle est tout-à-fait constitutionnelle : les 4 partis concernés disposent d'une majorité des sièges à la Chambre et le nombre de ministres flamands et francophones est le même.

Toutefois, même si le gouvernement fédéral dispose de la majorité parlementaire et qu'il ya une parité ministérielle, le parti francophone a été dupé (ou s'est auto-dupé) !
En effet:

– si la parité ministérielle est bien respectée suivant la lettre de la Constitution ( 7 ministres Nl et 7 FR), les partis néerlandophones disposent, en plus de 4 Secrétaires d'Etat (qui, sans être stricto sensu des ministres, en ont quasi toutes les prérogatives), ce qui traduit un premier déséquilibre flagrant

– en Belgique, il existe ce qu'on appelle le 'Conseil des Ministres restreint (aussi souvent appelés 'kern') et auquel ne participent (sauf invitation ponctuelle) que les vice-premiers ministres et c'est là que se situe le second déséquilibre : les partis flamands ont chacun un vice-premier soit 3 au total contre 1 seul (plus le premier qui est censé rester 'neutre') du côté francophone ..

– les partis flamands ont 'hérité' des grands départements (régaliens) tels que la Justice, l'Intérieur (police, sécurité), la Défense Nationale, les Finances, …Tandis que les francophones doivent se contenter, comme 'grand département', des Affaires Etrangères.

– mais ce n'est pas fini: parmi les compétences francophones se trouvent des dossiers particulièrement sensibles :

en matière de mobilité le dossier du survol de Bruxelles qui a déjà coûté la tête de ministres, l'instauration du service minimum à la SNCB, la réduction substantielle de la dotation de la SNCB, …

en matière d'énergie : la gestion de l'éventuel balck-out (plan de délestage) de cet hiver, discussion sur la prolongation du nucléaire, …

en matière de Pensions : gérer l'annonce qui a été faite de la volonté de ce gouvernement de retarder l'âge légal de la retraite (66 ans en 205 et 67 ans en 2030 en lieu et place des 65 ans actuels)

le budget : c'est toujours celui à qui on reproche de bloquer les mesures que veulent les autres ministres

…

Comme on peut le constater, ce gouvernement est tout sauf équilibré … Comment en est-on arrivés là vous demandez-vous certainement ?

C'est simple : alors que la logique aurait voulu que le premier parti du pays (N-VA) fournisse le Premier ministre, les francophones ont refusé car il n'était pas de 'bon ton' de faire diriger le pays par un parti à la fois nationaliste, séparatiste et républicain …Les autres partis flamands n'étaient pas très enthousiastes pour prendre cette responsabilité et le seul parti francophone au gouvernement (le MR) a sauté sur l'occasion à pieds joints ; de nouveau la raison en est très simple et doit être cherchée dans la frustration d'un père qui n'est jamais parvenu à devenir Premier ministre et qui a tout fait pour que son fils le devienne … Mais au prix de quelles concessions (pour ne pas dire 'compromissions') ???

Le pays n'est pas gagnant (l'opposition francophone se déchaîne contre le parti du Premeir ministre et fait tout pour déstabiliser ce gouvernement) ni pour le parti du Premier ministre à qui on reprochera toutes les mesures impopulaires prises par ce gouvernement et ce parti peut s'attendre à 'prendre une réclée' aux prochaines élections de la mi-2019 (et peut-être déjà aux élections communales d'octobre 2018)